Soumis par Pierre Degand le mer, 22/04/2015 - 12:26
Jean Hindriks

Le comité National des Pensions s’attele à divers travaux notamment la retraite à temps partiel. Jean Hindriks auteur du livre « Quel avenir pour nos pensions ? » nous a fait le plaisir de partager son analyse sur la pension flexible à mi-temps.

Licencié et docteur en économie (Université de Namur). Jean Hindriks a enseigné l’économie à l’université d’Exeter et au Queen Mary College, Université de Londres. Il est actuellement professeur d’économie à l’Université Catholique de Louvain (UCL) et senior fellow à  l'Institut Itinera . Il est aussi membre du Center of Operations Research and Econometrics (CORE) et directeur du Master en Economie à l'UCL. Il a été membre de la Commission de Réforme des Pensions (Avril 2013-Juin 2014). Jean Hindriks a  publié plusieurs livres et de nombreux articles scientifiques sur les questions de finances publiques et d’économie politique. Vous découvrirez ci-après son analyse sur la pension flexible à mi-temps.

PENSIONS: La pension flexible à mi-temps


Comment faire en sorte de pouvoir payer la pension des deux millions de « baby-boomers », ces travailleurs âgés aujourd’hui entre 50 et 65 ans ? Une piste centrale consisterait à autoriser la pension à mi-temps à partir d’un âge d’ouverture des droits à la pension (par exemple 60 ans), tout en relevant progressivement l’âge de la pension complète.
Un résultat central de notre analyse est qu’une rétention progressive à mi-temps des travailleurs entre 60 et 65 ans est une variable puissante d’ajustement à l’effet du papy boom. Encore faut-il rendre cette rétention à temps partiel sur le marché du travail possible.
C’est l’objectif de la pension flexible à mi-temps. Un tel système répondrait aux attentes des citoyens, puisque une récente étude montre que 51% des personnes interrogées considèrent que 61 ans est l’âge optimal pour la pension et 80 %  ne souhaitent pas travailler au-delà de 65 ans. Cependant, elles seraient prêtes à travailler plus longtemps à condition de  bénéficier d’une flexibilité leur permettant de libérer progressivement plus de temps libre.
Il existe une étape intermédiaire entre le tout au travail ou le tout à la pension qui serait le glissement progressif vers la pension. On serait dès lors à moitié pensionné et à moitié au travail. On aurait donc une pension au ralenti à partir à partir de 60 ans et une pension à 100 % à partir de 66 ans, ou plus tard. Faciliter la réduction du temps de travail d’une façon flexible pour les travailleurs plus âgés, et stimuler la combinaison de la retraite (à temps partiel) avec un travail (à temps partiel) sont deux mesures qui peuvent maintenir plus de personnes plus longtemps sur le marché de l’emploi, au moins à temps partiel.
La pension à mi-temps ouvre la perspective d’une dernière tranche de carrière qui soit moins rémunérée que les précédentes et d’une redéfinition du contenu et des conditions de travail avec les employeurs. C’est une véritable opportunité de négociation entre partenaires sociaux pour faire de l’emploi des seniors un but partagé.
La pension à mi-temps est aussi une véritable aubaine pour enrayer l’accélération des mises à la pension dans le secteur public sous la pression des pseudo mesures d’économie budgétaire La pension a mi-temps à partir de 60 ans a une existence légale dans les AR du 23 décembre 1996 (art 9) mais son existence économique a été rendue impossible par l’existence de formules de sorties plus avantageuses dès l’âge de 55 ans (comme le crédit-temps).  La montée en force de la pension à mi-temps à partir de 60 ans exige donc de durcir les conditions d’accès aux voies de sortie précoces du marché du travail.
Un travailleur pourrait ainsi prendre une partie de sa pension à l’âge d’ouverture des droits (par exemple 61 ans), mais le montant de sa pension dépendra de son profil de carrière vis-à-vis les critères définis. Le travailleur pourrait en outre poursuivre simultanément son activité professionnelle et continuer à améliorer son profil jusqu’à l’âge de son départ définitif à la pension.

Jean Hindriks