Submitted by Pierre Degand on Fri, 05/06/2020 - 08:39

Chantal Olivier se propose de partager sa passion pour la lecture. Chantal nous parle du livre de Valérie Perrin, changer l'eau des fleurs. 

Je poursuis ma découverte de l’œuvre de Luis Sepulveda, cet écrivain chilien décédé du Covid19 le mois dernier en Espagne, par un roman d’aventures qui met une nouvelle fois en scène des archétypes d’anti-héros, sur fond d’histoire du 20ème siècle : guerre mondiale, guerre froide, guérillas latino-américaines.

Deux soldats allemands ont volé dans le trésor des SS dont ils sont les gardiens, des pièces d’or anciennes, dans l’idée d’échapper, grâce à ce butin, à la guerre, très loin, en Terre de Feu. L’un parvient à s’enfuir, l’autre survit à la torture, mais la guerre froide les empêche de jamais se retrouver pour profiter du pactole. Les voilà à la fin de leur vie, ils ne se reverront pas.

Un ancien guérillero chilien et un ex-agent secret est-allemand sont lancés sur la piste de ce trésor. De ces deux hommes, qui ont perdu leurs illusions relevant d’un monde qui n’existe plus, lequel arrivera au but le premier ?

« Il n’est pas facile de veiller sur les sépultures de ceux que nous avons été »

 

Coïncidence, j’ai relu cette semaine La réforme de l’opéra de Pékin, une brève nouvelle de Maël Renouard (Payot, Rivages poche / Petite Bibliothèque, prix Décembre 2013), qui traite aussi des illusions perdues.

 

Un universitaire chinois âgé passe en revue sa vie et l’histoire familiale sur fond de Révolution Culturelle. A l’époque, il a participé à la création des huit opéras rouges, destinés à remplacer l’opéra traditionnel chinois, depuis lors tombés en disgrâce.

« J’avais vu tant d’hommes célébrés puis déchus, et tant d’hommes déchus puis réhabilités, que j’ai longtemps gardé l’espoir d’être un jour tenu pour digne de l’histoire de notre pays. La roue avait tourné, elle tournerait… »

Pas vraiment de désespoir pour autant, dans le chef des protagonistes de ces ouvrages, pas même une résignation : transmettre son histoire, raviver l’adrénaline de l’action ou arracher la femme aimée au naufrage psychotique sont autant de motivations qui entretiennent l’étincelle de la vie.

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